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Les Défis de l’Industrie Automobile Russe face à la Nouvelle Mobilité

Les Défis De L’Industrie Automobile Russe Face à La Nouvelle Mobilité

Lorsque nous parlons de Nouvelle Mobilité en Russie, nous devons garder à l’esprit non seulement l’état actuel de son industrie automobile, ou encore ses différences culturelles et économiques avec l’Europe, mais aussi son potentiel et le rôle du gouvernement dans le développement de la Nouvelle Mobilité.

C’est pourquoi, le 22 octobre, Renault a organisé une table ronde sur la nouvelle mobilité en Russie et le potentiel d’investissement de Moscou avec la participation du gouvernement moscovite Nicolas Maure, vice-président de la région Eurasie de Renault, et d’autres intervenants dont Isabelle Bailly, présidente de SNECI.

Le développement de la nouvelle mobilité en Russie est actuellement confronté à plusieurs défis qui pourraient généralement être divisés en deux grandes catégories : les défis techniques et économiques et les défis culturels et sociologiques.

LES DÉFIS TECHNIQUES ET ÉCONOMIQUES

Nouveaux Produits et Technologies

La nouvelle mobilité implique de nouveaux produits et technologies. Pensez aux véhicules électriques, aux véhicules à hydrogène, aux véhicules hybrides, au covoiturage, aux voitures-robots… Tout cela nécessite non seulement une R&D forte et bien financée, mais également une infrastructure appropriée et de nouvelles réglementations gouvernementales.

Bien que les véhicules électriques ne soient pas très populaires (seulement 94 voitures électriques ont été vendues cette année), l’autopartage est bien établi en Russie. Par exemple, la Russie est le premier marché de Blablacar avec plus de 15 millions d’utilisateurs. Même Yandex, le plus grand moteur de recherche et société technologique en Russie, a lancé son propre service de covoiturage : Yandex Drive.

Nouveaux Acteurs

Aujourd’hui, les OEMs traditionnels ne sont plus seuls sur le marché. De nouveaux acteurs mènent la nouvelle mobilité en Russie. Des acteurs américains gigantesques, Tesla et Apple, aux côtés de plus de 20 nouveaux fabricants chinois sont en concurrence avec les OEMs traditionnels sur le marché des véhicules électriques aujourd’hui. On ne prend même pas en compte les fournisseurs de covoiturage comme Uber et Blablacar ou même Yandex Drive et Belkacar d’origine russe !

Nouveaux Fournisseurs

Nouvelle mobilité signifie également de nouveaux fournisseurs qui ne viennent plus de l’industrie automobile exclusivement. Les fournisseurs de logiciels et d’électronique, rares pour la mobilité traditionnelle, sont nécessaires à la construction de véhicules connectés et électriques d’aujourd’hui.

Le Niveau Actuel De L’industrie Automobile Russe

«Quatre points principaux méritent d’être mentionnés concernant le niveau actuel de l’industrie automobile russe lorsqu’il est question des opportunités offertes par la nouvelle mobilité en Russie», a déclaré Isabelle Bailly. «Tout d’abord, l’énorme quantité de constructeurs qui cause des capacités sous-utilisées. Deuxièmement, le pouvoir croissant des gouvernements et des clusters. Troisièmement, les fournisseurs locaux de pièces automobiles se développent encore en termes de qualité et de gestion de projet et ne peuvent ni exporter ni livrer dans le respect des hautes exigences des constructeurs mondiaux. Enfin, la faible croissance du marché entraîne la réticence des investisseurs internationaux ». Malgré à la croissance prévue des ventes sur le marché automobile russe de 12-15% en 2018, il n’y a toujours que 300 voitures pour 1000 habitants en Russie, un niveau plutôt faible par rapport à l’Europe ou aux États-Unis.

Financement des Investissements

Le financement dans la nouvelle mobilité en Russie par des particuliers locaux est impossible en raison du nombre insuffisant d’acteurs locaux disposant de ressources financières suffisantes. La possibilité pour l’État russe de soutenir simultanément le financement de la nouvelle mobilité et ceux de l’industrie automobile traditionnelle en même temps est également discutable. Enfin, les décrets 166 et 566 rendront presque impossible l’approvisionnement en dehors de la Russie.

Pendant ce temps, le climat de l’investissement en Russie s’améliore rapidement avec le développement de technoparcs et de régimes fiscaux spéciaux, principalement à Moscou, leader apparent des investissements en Russie. Au cours des cinq dernières années, les investissements en immobilisations ont augmenté de 55,6% à prix comparables par rapport à 2010. D’ailleurs, des fonds importants sont consacrés au développement des transports et des communications (8% du total des investissements en immobilisations en 2016). La Russie a également occupé la 40e position dans le classement « Doing Business » de la Banque Mondiale en 2017, l’améliorant de 11 points en un an seulement.

LES DÉFIS CULTURELS ET SOCIAUX

Les préférences des consommateurs ont un impact important sur les tendances du marché automobile. En Russie, le véhicule est synonyme de statut et de liberté individuelle. Par conséquent, les Russes pourraient ne pas vouloir abandonner ces récents gains pour être sous le contrôle d’algorithmes et de pays étrangers.

De plus, de nombreux pays sont confrontés à l’hésitation des consommateurs à l’égard de la nouvelle mobilité. Par exemple, l’Europe a enregistré une très faible utilisation des véhicules à propulsion alternative au cours des dernières années (la part de marché n’a augmenté que de 0,9% entre 2015 et 2017).

Enfin, le changement radical de profils professionnels nécessaire entre la mobilité traditionnelle et la nouvelle mobilité peut entraîner un risque grave de conséquences sociales. Pour réduire ce risque, le gouvernement russe devrait encourager le développement de compétences transférables en électronique entre l’automobile, la défense et l’espace. Cet échange de compétences aidera également la Russie à se rapprocher des principaux acteurs de l’industrie automobile d’aujourd’hui, grâce à son savoir-faire dans les domaines de la défense et de l’espace.

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